La radio numérique terrestre se fait attendre
LE MONDE ECONOMIE | 05.09.2016 à 10h00 • Mis à jour le 05.09.2016 à 12h27 | Par Charles de Laubier
Meilleure qualité sonore (stéréo ou multicanal), ajout de données synchronisées ou non avec la radio (textes défilant, images, informations, sites web,…), enrichissement de l’offre radiophonique (plus de stations qu’en FM), coût de diffusion inférieur à celui de la FM… La radio numérique terrestre (RNT) a des atouts certains qui plaident en sa faveur.
Pourtant, la France se hâte lentement. La « TNT » de la radio avait été promise pour… fin 2008 par Nicolas Sarkozy, alors président de la République, tandis que Michel Boyon, président à l’époque du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), l’avait annoncée en 2009 « pour Noël » sur les trois premières villes de Paris, de Marseille et de Nice… Il faudra attendre cinq ans pour que cela devienne une réalité – à partir de juin 2014. D’autres villes vont enfin suivre, à commencer par Strasbourg, Lille et Lyon d’ici la fin de l’année.
La France couverte en 2023
Alors que les grandes radios privées (RTL, NRJ, Europe 1, RMC/BFM,…) boudent toujours la RNT, Radio France a de son côté obtenu du CSA en juin dernier l’autorisation de l’expérimenter dans l’Est parisien avec le diffuseur Towercast, filiale de NRJ. L’Etat actionnaire préemptera-t-il des fréquences pour France Inter, France Info ou encore France Bleu ? « Ce n’est pas exclu », indique Patrice Gélinet, spécialiste de la radio au collège du CSA.
Pour l’heure, seuls les radios indépendantes et les fabricants d’autoradios et de récepteurs vont de l’avant. Mais le calendrier fixé par le CSA ne prévoit la couverture de tout le territoire qu’en… 2023. Pendant que d’autres pays – l’Angleterre, la Norvège, la Suisse ou encore l’Allemagne – ont déjà déployé la RNT avec un certain succès.
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Les 20 % de la population française couverts par la RNT devraient quand même être atteints l’an prochain. Ce seuil légal est crucial car il déclenche l’obligation pour les fabricants d’intégrer la réception de la RNT (normes DAB, DAB + et T-DMB) dans les autoradios et les récepteurs radio. Or, les fabricants concernés – Sony, Philips, Panasonic, Samsung et les autres – sont hostiles à ces contraintes.
70 000 récepteurs RNT vendus
L’Association française des industries du numérique (Afnum) a vu rejetée le 22 juillet sa demande d’annulation du calendrier 2016-2023. Quant au Syndicat des entreprises de matériel audio, vidéo et informatique (Secimavi), il demande la suppression du seuil des 20 %.
Selon l’institut d’études GFK, il s’est vendu en France 70 000 récepteurs RNT en un an (à fin juin), soit une croissance de 32 %. Et l’organisation professionnelle WorldDAB constate que 15 % des nouveaux véhicules sur le marché français intègrent la RNT en première monte. Bien que les smartphones ne soient pas concernés par l’obligation des 20 %, LG Electronics a lancé au printemps dernier le « Stylus 2 » compatible DAB +. Une première.